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Décoration, Habitat
10 octobre 2022

Le design aujourd'hui, désirable & durable

Pour susciter l’envie, un objet ne peut plus se contenter d’être beau et fonctionnel, un des
principes fondamentaux de l’école d’art et d’architecture du Bauhaus !

Nous franchissons aujourd’hui une nouvelle étape, elle doit s’inscrire dans la durée. Le consumérisme débridé a fait place à une consommation raisonnée, portée par des produits « porteurs de sens », écoconçus, issus de matériaux recyclés ou bien encore de seconde main.
Le « durable », ce nouvel Eldorado du désir… Elaboration d’une économie dans des pays en
difficulté, revalorisation des déchets, réinsertion dans le monde du travail par la création, construction d’un design durable… au-delà de la beauté du geste, créer un objet doit devenir un atout majeur dans le design social comme dans l’écologie. La surconsommation n’a plus le vent en poupe : il est urgent de dire stop aux dépenses frénétiques et au « toujours plus ». Objets recyclés, recyclables, de seconde main ou issus d’une production raisonnée et “ecofriendly” nous séduisent de plus en plus. “Redonner du sens à sa consommation” est une des principales motivations de 92 % des utilisateurs du site Leboncoin, dont l’audience, pourtant déjà large (29 millions de visiteurs uniques en mai 2021, selon Médiamétrie NetRatings), continue de progresser.

A la recherche du sens perdu
Fini l’époque où l’on affirmait son statut via sa capacité à dépenser. Au XXIe siècle, on consomme peu mais mieux. Acheter des produits qui défendent un savoir-faire et une production de qualité, si possible locale,qui respecte l’environnement et sait prendre soin des salariés. Et si ils utilisent des rebuts impropres à la consommation, c’est le top !
Bien plus qu’une tendance, il s’agit d’une remise en question profonde des codes de consommation.
Nous faisons attention à ce que nous mangeons alors pourquoi ne pas se soucier des objets qui nous
entourent ? Le design et la décoration écoresponsables se définissent sur plusieurs points. Il s’agit d’une décoration écologique qui tient compte de l’impact environnemental avec des objets dits ”naturels”, fabriqués avec des matériaux locaux, qui contiennent le moins possible de produits nocifs.
C’est le slow design. Cette démarche permet de travailler sur la qualité de l’air intérieur (des produits
sains, avec une teneur en Composés Organiques Volatils (COV) la plus faible possible). Ensuite, la fabrication et le transport sont des critères importants. Avec une production locale, voire européenne, on limite les dépenses énergétiques et on privilégie le savoir-faire Français. Pour finir, le critère éthique et solidaire est pris en compte. Les règles du commerce équitable doivent être respectées avec une vigilance accrue concernant les conditions de travail, l’environnement et le prix d’achat.
Une démarche que toutes les marques ne prennent pas encore en compte, mais qui paraît déjà une
évidence pour d’autres.

Créée en 1947 et reprise en 2019, Camif s’engage pour une fabrication locale et responsable.
 » On s’attache à avoir une traçabilité parfaite sur toute la chaîne de fabrication », assure Magali Borlet, responsable des collections Camif. « Même si l’interlocuteur final est le confectionneur, on s’assure auprès
de lui que toute la filière en amont est française : métissage, tissage, impression ou peinture. La transparence est un atout fort de cette entreprise. Penser seconde main ».

Dans l’univers de la seconde main, les communautés Emmaüs sont des précurseurs et riment avec cavernes d’Ali Baba. Elles sont 116, réparties dans toute la France : « Des lieux d’accueil, de vie, d’activité et de solidarité, qui fonctionnent sans subvention, uniquement grâce à la récupération d’objets », explique le site officiel. Des centaines de milliers de Français y achètent des livres, des meubles, des vêtements ou des jouets. Et lorsque l’on questionne Valérie Fayard, directrice générale déléguée du mouvement, sur les « bobos » qui viendraient vider tous les stocks, sa réponse est sans appel : « Nous collectons 32 0000 tonnes de produits par an. Nous avons un panel large d’acheteurs et nous en avons surtout pour tout le monde ! »

« La seconde main », Emmaüs en a fait son cheval de bataille… suivi en ligne par des sites comme Selency,
et le concept store Merci l’a orchestré dès 2017 dans son magasin parisien. Conséquences… le nombre de
transactions réalisées a considérablement augmenté, comme en témoigne le succès des Vinted et autres
Leboncoin. Anaïs Uzan a ouvert “En Second Lieu” en mai dernier 2021, persuadée du manque sur le marché d’un “grand magasin responsable”. Son concept store parisien est pensé comme un appartement où tout est à vendre en seconde main : mode, jeux, vaisselle, déco, etc. « Je prends le pari de démocratiser un nouveau mode de vie », s’enthousiasme la trentenaire, qui vise une deuxième ouverture en 2022.

Les grands magasins ont bien compris ces nouveaux desiderata. À la rentrée, les Galeries Lafayette et le
Printemps ont lancé des espaces dédiés au vintage et à l’économie circulaire dans leurs fiefs parisiens. Le
premier installait (Re)Store sur 500 m2 et dupliquait ce modèle à Lyon dès septembre. Quant au Printemps, il inaugurait son  » 7e Ciel « , soit 1 300 m2 de mode et de déco responsables.
Autre signe de ce mouvement : l’acquisition de meubles et objets vintage intéresse autant les professionnels que les particuliers. « Je raisonne Leboncoin avant de penser : achat neuf « , témoigne Vincent Dewas, à la tête du Domaine de Ronsard dans le Perche. Entre convictions et obligations légales, création et production, adoptons ce cercle vertueux.

Design social ?
Aider des individus en difficulté grâce à la créativité et au design d’objets, c’est tout le parcours d’Eugénie de Larivière, elle-même designer de formation. En 2015, elle souhaite « faire du design avec des personnes éloignées de l’emploi et basé sur le réemploi de matériaux. Le point de départ de cette entreprise solidaire est d’envisager le design comme un vecteur de réinsertion professionnelle avec les dons réalisés par des entreprises ou des particuliers à Emmaüs. En tant qu’acteur majeur de la récupération et de l’insertion en France, elle les contact. Son studio de design Emmaüs Alternatives Les Résilientes est lancé et emploie actuellement 18 salariés. C’est un studio de design qui fonctionne comme un studio design classique mais avec un objectif doublement particulier. Ce studio dispose de deux antennes, une située dans le XIIe arrondissement de Paris et une seconde à Montreuil.

Il faut considérer la créativité comme levier d’insertion professionnelle et sociale :  » quand on crée, quand on fait un travail de ses mains, c’est un retour à l’estime de soi.  » Il y a trois ans, Eugénie rencontre Romain
Peton, consultant climat et développement durable, ces fameux gestionnaires du  » RSE « … Ensemble
ils vont toquer à la porte de Made.com pour leur présenter une collaboration possible autour du « design
durable », l’enseigne de mobilier dit tout de suite oui. « On aime à penser qu’on plante des graines pour
l’avenir. » explique Eugénie. Pour Romain, désormais conseiller RSE de la marque, il s’agit de former ces
grands groupes aux enjeux écologiques, et le public. « Il faut mettre dans la tête des gens que les déchets
ont de la valeur. C’est d’ailleurs toute une culture nationale à réinventer. » Et cela passera par le design
social.

En septembre dernier, lors de la Paris Design Week, Made.com annonçait sa nouvelle collaboration avec
le studio de design Emmaüs Alternatives Les Résilientes. Présentée un an plus tôt, leur première
collection inventive, est ingénieusement baptisée  » Encore « , se composait de quinze nouvelles pièces
toutes issues d’anciens produits de la marque. En 2022, le duo récidive donc l’expérience pour prouver
au grand public qu’il est urgent que l’univers de l’ameublement s’inscrive pleinement dans cette démarche durable et responsable.

Upcycling
Il y a une tendance actuelle dans la décoration : l’upcycling ou le surcyclage (en français). Il s’agit de
récupérer des matériaux ou des produits dont on n’a plus l’usage afin de les transformer en matériaux
ou produits de qualité. Il s’agit donc d’un recyclage puisque l’on donne une seconde vie à ces matériaux.
“Rien ne se perd, tout se transforme !“

Aujourd’hui, il est possible de se faire une très belle décoration avec ces objets ou meubles. D’ailleurs,
plusieurs fabricants se sont spécialisés dans ce domaine. Nous avons certains de leurs objets ou
meubles chez nous qui se mélangent à la perfection au reste de notre décoration.
L’upcycling n’a rien de nouveau. Depuis les années 90, le designer néerlandais Piet Hein Eek a fait du
“scrapwood” – technique de collage de morceaux de planches de bois de récupération – sa marque de
fabrique. Mais désormais, recycler, c’est devenu un réflexe pour le monde de la déco. Maison de Vacances
vient de présenter une toile tuftée confectionnée à partir de textiles en coton recyclés issus de la mode.
Gan, avec sa collection Plastic Rivers, lance des tapis 100 % en PET recyclé. Algo Paint a mis au point une
peinture non polluante, à partir de coquilles Saint- Jacques, un biodéchet pêché en grande quantité chaque année.

En France, Tiptoe, le spécialiste du meuble en kit de qualité, se dit conscient des 359 millions de tonnes
de plastiques produites dans le monde en 2018 […] et souhaite contribuer à endiguer cette problématique à son échelle. En upcyclant ce matériau pour concevoir la chaise « SSDr » (Simple, Solide, Durable, et r pour recyclée), la start-up éco-responsable affirme ses convictions. Depuis fin avril 2021, les matériaux des iconiques assises “Togo” de Ligne Roset sont recyclés dans les usines pour produire de nouvelles matières premières ou une source d’énergie. En juin 2021, Zuiver présentait “Ocean”, un siège dont la coque est fabriquée à partir de déchets plastiques récupérés dans les océans.
La chaise “TipTon” de Vitra se réinvente en matériaux 100 % recyclés, issus d’ordures ménagères, tout
comme Fritz Hansen revoit sa “N02”, dorénavant fabriquée avec des déchets plastiques ménagers.
Le dernier salon international du meuble de Milan regorgeait de ce type d’initiative.

Papier mâché chez Serax, marbre chez Tom Dixon, aluminium chez Tine K Home, verre, émaux et
plastique se recyclent pour trouver un écho auprès des consommateurs avides de mobilier et objets vertueux. Parfois plus coûteux que son homologue polluant, le design recyclé (plus largement le design durable) se démocratise au point d’infuser les usines des géants de l’ameublement, IKEA et La Redoute en tête. Loin d’être réservée à une élite fortunée, la préservation de la planète est l’affaire de tous.

Avoir une approche éco-design pour ses produits, c’est avoir une approche très globale. On s’attaque à
tous les aspects du design du produit ou du design de l’emballage et à ce que cela implique pour son
cycle de vie afin de limiter l’impact sur la planète. Et les avantages ne se limitent pas à faire sa part pour
protéger l’environnement !